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- Burkina Faso

L’IGMVSS ELABORE UN GUIDE D’UTILISATION DE LA CHARRUE « delfino »

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Le Burkina Faso dispose désormais d’un guide sur l’utilisation de la charrue delfino. Le document a été commandité par la Coordination Nationale de l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel (CN-IGMVSS), avec l’appui financier de l’Agence pour la Promotion de l’Education et de la Formation à l’Etranger (APEFE). Il a été validé à la faveur d’un atelier tenu le 21 janvier 2019. Nous vous proposons un aperçu des différentes phases dans le processus d’utilisation de cette technologie, qui permet la récupération de terres dégradées.

L’adoption et l’utilisation de la charrue delfino par plusieurs projets et programmes à travers le pays ont permis de la faire connaître par les communautés des zones arides et de réaliser des résultats encourageants en matière de restauration des écosystèmes dégradés. Toutefois, des insuffisances ont été enregistrées : par exemple la mauvaise compréhension de la “restauration” par certains acteurs qui l’assimilent au labour mécanisé qui, quoiqu’essentiel n’est qu’une étape dans la longue marche du processus de restauration du sol. En outre, les projets de restauration des terres dégradées avec la charrue delfino sont dans bien des cas, des initiatives exogènes non portées par les populations locales comme des réponses à une problématique majeure. Les mauvaises pratiques de labour ne permettent pas d’obtenir des demi-lunes répondant aux normes, capables de maintenir leur efficacité dans le temps. Aussi, la durée généralement courte des projets ne favorise pas une prise en compte suffisante de la question de la durabilité des investissements fondée sur une implication et une responsabilisation effectives de toutes les parties prenantes des communautés bénéficiaires, en leur donnant les moyens et les capacités d’appropriation et de gestion durable des sites sous restauration. 
Le guide nouvellement élaboré vient améliorer et harmoniser les approches d’intervention. Cela permettra de donner plus de chance de réussite aux projets de restauration avec une bonne gestion des résultats par les communautés. La démarche proposée est participative, holistique à l’échelle paysage et comporte trois (3) phases.

UNE PHASE PREPARATOIRE

Elle se déroule avant l’arrivée de la charrue sur le ou les sites pour les travaux de labour. L’accent est mis sur la communication avec toutes les parties prenantes : les autorités locales (région, province, département) et les populations au niveau villageois. Des rencontres d’information et de prises de contacts et des Assemblées générales villageoises (AGV) sont les instances utilisées pour développer un travail soutenu d’animation, d’information, de sensibilisation, d’éducation et de communication aux différents niveaux. Ces rencontres viseront à mieux faire comprendre les enjeux socio-économiques et écologiques de la Désertification, Dégradation des Terres et Sécheresses (DDTS), et à obtenir : (i) un appui des autorités politico-administratives dont relèvent les villages d’intervention, (ii) la participation de toutes les composantes à la prise de décision de mettre en œuvre de la restauration des terres dégradées et des paysages forestiers avec la charrue (RTDPF-CD), (iii) l’acceptation de la charrue et son travail comme une réponse appropriée à une problématique majeure, pour atteindre un objectif précis avec le concours de toutes les couches sociales, (iv) une décision consensuelle sur le choix des sites à restaurer, le modèle d’aménagement à développer et le dispositif organisationnel à mettre en place pour les travaux d’aménagement et de gestion durable des sites labourés.

UNE PHASE D’EXECUTION DES ACTIONS D’AMENAGEMENT

Elle débute par les labours respectueux des courbes de niveau et des dimensions recommandées des micro-bassins. Ensuite un plan d’aménagement et de gestion (PAG) du site pour une durée de trois (03) à (05) ans renouvelable sera élaboré avec l’appui de l’Equipe Technique Opérationnelle (ETO) et du projet, puis validé par la mairie. Sa mise en œuvre incombe au comité de gestion (COGES) qui, sous la responsabilité du conseil villageois de développement (CVD), assure la mobilisation sociale pour la mise en œuvre des actions d’aménagement, de gestion et d’entretien/protection des sites avec l’appui du projet. Le guide propose deux modèles d’aménagement visant la restauration des terres et des paysages forestiers : (i) le modèle sylvo-pastoral qui préconise la végétalisation des ouvrages par semis directs ou plantations et une valorisation des produits fourragers et, (ii) un modèle agro-sylvo-pastoral dans lequel le site labouré sera parcellé et les parcelles attribuées à des ménages volontaires pour l’exploitation et la valorisation agricole. Ce modèle d’aménagement offre l’avantage de favoriser un travail continuel du sol, un développement harmonieux du couvert ligneux grâce à l’amélioration des conditions hygrométriques du sol et l’application de la régénération naturelle assistée (RNA).

UNE PHASE DE SUIVI EVALUATION

C’est le déploiement du dispositif de collecte des données. Au niveau des sites de RTDPF-CD, cette collecte de données met en avant le rôle des COGES dans la protection des sites pour une durée minimale de 2 ans et la gestion collégiale des produits, qui devront ; cela devrait permettre de motiver les bonnes volontés locales et de réinvestir sur les sites. Au niveau village, sont concernées les actions d’auto-évaluation à travers des bilans et programmations annuels des activités du PAG, en AGV. Enfin au niveau du projet, il s’agit de l’établissement de la situation de référence et de suivi de l’évolution biophysique et du niveau de restauration du site tous les 5 ans.

Toutes ces phases sont développées avec les communautés bénéficiaires qui devront à terme, être outillées pour continuer le processus de restauration sans le projet ou avec d’autres partenaires. Les projets doivent travailler dans ce sens à travers un travail solide de renforcement des capacités et des compétences en matière de gestion des ressources naturelles visant la restauration durable des sites de RTDPF-CD mais d’une façon générale, à bannir les comportements et pratiques néfastes à l’origine de la dégradation des terres.
Enfin, il est recommandé aux promoteurs de projets de RTDPF-CD en tant que maillon essentiel du processus de : (i) se professionnaliser davantage en disposant d’équipements performants avec un personnel bien formé, et (ii) mener des plaidoyers auprès des conseils municipaux pour appuyer la sécurisation des sites et contribuer au financement des Plans d’aménagement et de gestion des sites de restauration. Le but fondamental de l’utilisation de la delfino vise à donner un coup d’accélérateur en permettant de récupérer les vastes étendues de terres de glacis et stabiliser les populations dans leurs terroirs.

Fabrice Yi-Bour BAZIE
ATN Communication à l’IGMVSS

Source : Guide technique et méthodologique pour la restauration des terres dégradées et des paysages forestiers à l’aide de la charrue delfino du système VALLERANI